La proportion de Français qui consomment au moins une fois par mois des produits issus de l’AB est passée de 60% en 2022 à 54% en 2023 selon l’Agence Bio. Une baisse structurelle qui remonte à 2021. Selon le rapport de l’INSEE de février 2024, « L’année 2021 marque une rupture de tendance : quel que soit le produit bio, les quantités achetées par les ménages diminuent ». Les ventes de viandes biologiques reculent de 13 % en 2022 (source : Chambres d’Agriculture). Les ventes de produits laitiers bio en grandes et moyennes surfaces sont revenues à leur niveau de 2018, alors que la collecte a progressé et que la consommation continue de diminuer en début d’année 2023 (source : CNIEL). Du côté des produits céréaliers, le marché semble aussi saturé. Une analyse de Cerfrance précise que la collecte de blé biologique a doublé entre les récoltes 2021 et 2023, alors que la demande n’a pas suivi. « Les silos sont pleins, avec 25 % de la production ne trouvant pas preneur sur le marché français bio depuis la récolte de 2022 ». 

Le prix : un frein même pour les consommateurs réguliers

Dans un contexte inflationniste, les prix orientés à la hausse semblent décourager les consommateurs. Les prix par rapport au conventionnel peuvent être le double voire le triple. FranceAgriMer, citant le baromètre de consommation mené par le CSA en janvier 2022, indique que « le coût du produit bio est le principal frein à une consommation plus importante de produits bio ». Le consommateur se tourne alors vers d'autres labels souvent moins chers ou même vers des produits conventionnels.

La crise sanitaire a aussi accentué certains modes de consommation, comme celui du « produit local ». La notion du local et de la proximité peut se faire au détriment du produit labellisé « agriculture biologique » qui finalement n’est pas nécessairement gage de proximité pour le consommateur. 

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Quels relais de croissance pour la filière ?

La crise à la fois structurelle et conjoncturelle du secteur de l’Agriculture Biologique ne doit pas pour autant occulter certaines perspectives prometteuses. L’Agence Bio, dans son rapport d’activité 2024, précisait que la consommation semblait redémarrer dans un grand nombre de pays. La Cour des Comptes recommandait déjà en 2022, des pistes de relance :

  • Renforcer la communication auprès des consommateurs sur l’impact positif de l’AB sur l’environnement et la santé
  • Atteindre les objectifs fixés par la loi Egalim des 20 % de produits bio dans la restauration collective
  • Favoriser la création de valeur en appliquant la loi Egalim à l’AB et le renforcement de la contractualisation entre producteurs, transformateurs et distributeurs

Enfin, il est important de souligner que la vente directe reste un circuit dynamique, le nombre de points de vente est en augmentation de 5 % en 2023. Le chiffre d’affaires du secteur progresse de 134 millions d’euros, en croissance de 8,7 % (source Agence Bio)

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