Synthèse réalisée avec le concours de Bernard Andrieu (Lallemand Animal Nutrition)
Les risques de pertes liés à la conservation
Comme tout procédé de conservation, l'ensilage entraîne des pertes tant en matière sèche qu’en valeur alimentaire. Alors qu’un bon ensilage perd moins de 10 % de la MS récoltée, un mauvais peut en perdre la moitié, voire la totalité si le fourrage ne peut être consommé.
Ces pertes sont la conséquence de processus fermentaires mal maîtrisés mettant en cause différentes populations de micro-organismes. Certaines populations sont très bénéfiques comme les bactéries lactiques, particulièrement les homofermentaires, qui ne produisent que de l’acide lactique à partir des sucres. D’autres sont néfastes, car elles consomment des ressources précieuses (les protéines ou l’acide lactique) ou produisent des substances indésirables (acide butyrique, acide propionique, amines, ammoniac) qui nuisent à la consommation du fourrage, et au-delà, à la qualité du lait.
Selon les caractéristiques du milieu (acidité, oxygène, humidité, température), les micro-organismes trouvent des conditions plus ou moins favorables à leur croissance.
Rôles des micro-organismes selon les conditions de conservation (en vert favorables, en rouge défavorables).
La fermentation de son ensilage
Pour conserver un fourrage par voie humide, il faut obtenir simultanément l’anaérobiose et l’acidification du milieu.
- L’anaérobiose (l'absence d’oxygène) s’obtient par la compaction lors de la réalisation du silo (ou de la balle enrubannée) et le maintien de son herméticité. Faute d’anaérobiose, les glucides seront brûlés et la matière sèche disparaît.
- L’acidification du milieu doit être atteinte le plus vite possible pour favoriser le développement des bactéries lactiques et le pH doit être maintenu en dessous de 4 pour inhiber les micro-organismes inopportuns (clostridium, listeria, salmonelles…). En enrubannage - compte tenu du taux de MS - un pH minimum de 5 suffit.
Les travaux d’Arvalis - Institut du végétal (cf. graphique) montrent qu’on peut conserver un ensilage de RGI, RGA ou brome à 20 % de MS, alors qu’il faudra un taux de 35 % MS pour conserver un ensilage de luzerne. En effet, la luzerne est peu riche en sucres et son pouvoir tampon est important du fait de sa MAT et de sa teneur en matières minérales. Or, pour être stabilisé, un fourrage sec nécessite moins d’acide qu’un fourrage plus humide. À partir de 80 % MS (foin), les micro-organismes sont inactivés et le fourrage n’évolue plus.
Aptitude des espèces fourragères à la conservation (source : Arvalis - Institut du végétal).
Un conservateur peut se révéler fort utile en conditions limites d’humidité du fourrage ou de faible teneur en sucres (fort pouvoir tampon). À côté des conservateurs acides (formique, propionique…), il existe des conservateurs biologiques plus faciles d’emploi et utilisables en agriculture biologique. Des formulations combinant des bactéries lactiques à des enzymes permettent d’atteindre rapidement le pH de stabilité et de préserver la valeur alimentaire. Ainsi, pour un coût modique (environ 2 €/t de matière verte) on sécurise l’ingestion du fourrage conservé.