L’irrigation pour pallier les variations pluviométriques
L’irrigation du maïs n’est pas seulement le moyen d’atteindre des records de rendement. C’est avant tout un biais pour tamponner les effets, sur le moyen et long terme, des fluctuations de productivité liées aux manques de pluviométries estivales, les années à étés secs. Seuls ¼ des surfaces de maïs sont irriguées en France, et seulement 100 000 ha en maïs fourrage. Le maïs est la céréale qui valorise le mieux l’eau qu’elle reçoit pendant son cycle. Par exemple, pour produire 1 kg de matière sèche de maïs, il faut moins d’eau que pour produire 1 kg de matière sèche de blé.
Quantité d’eau nécessaire pour produire 1 kg de matière sèche (en litres).
Un maïs qui n’est pas en rupture hydrique est un maïs qui valorise pleinement la consommation d’azote.
Les spécificités du maïs
Le maïs est une plante en C4 (comme la canne à sucre ou le sorgho), qui lui confère la particularité d’avoir une plus grande efficacité photosynthétique, c'est-à-dire qu’elle valorise mieux le gaz carbonique et produit plus d’oxygène que les plantes en C3 (la plupart des autres plantes cultivées). Les plantes en C4 ont besoin de quasiment deux fois moins d’eau, pour absorber 1g de carbone, que les plantes en C3.
L’équation du maïs : 1 ha de maïs + 25 T de CO2 + 7 T H2O = 17 T de Biomasse + 17 T d’Oxygène.
Notons aussi que le progrès génétique fait progresser non seulement le rendement en situation de bonne alimentation hydrique, mais aussi dans les situations de stress hydrique.
Les besoins en eau du maïs grain
Les besoins en eau du maïs diffèrent en fonction du stade de la plante. À partir du stade 8 feuilles et jusqu’au stade mi-montaison, les besoins en eau augmentent très rapidement. Les maïs sont au maximum du stade mi-montaison au stade limite d’avortement des grains. Puis ces besoins se font un peu moindre, tout en restant élevés, jusqu’au stade 50-45 % humidité du grain. Au-delà, les besoins diminuent assez rapidement. La période pré et postfloraison est un stade particulièrement sensible au manque d’eau.
Les besoins quotidiens en eau du maïs
Ils dépendent du stade du maïs et de l’ensemble des facteurs climatiques du jour. Il s’exprime par l’ETP (EvapoTranspiration Potentielle). Pendant la floraison et lors d’une journée très chaude, l’ETP quotidienne peut être de 7 à 8 mm, ça veut dire que cette journée-là, votre maïs va consommer 7 à 8 mm d’eau. Irriguer son maïs = participer à la recharge de la réserve en eau de son sol.
Répondre aux besoins en eau du maïs, c’est avant tout connaitre l’état hydrique de son sol. Les méthodes actuelles (sondes Watermark®, sondes capacitives…) permettent de mesurer l’humidité contenue dans le sol à différentes profondeurs. L’investissement dans ce matériel, à condition qu’il soit bien posé et que l’on sache interpréter les courbes, permet de prévoir et gérer au mieux son irrigation. En l’absence de sondes, il est tout à fait possible de prédire l’état hydrique de sol et piloter son irrigation de façon raisonnée par la méthode dite des bilans.
Estimer sa Réserve Utile
Il n’y a pas mieux que de faire un profil pour connaître son sol, notamment pour la profondeur d’enracinement. Une analyse de granulométrie (taux de sables, taux de limons, taux d’argile, taux de cailloux) et la profondeur d’enracinement, permettent de déterminer la Réserve Utile (RU) en mm. Pour imager, la RU se décompose en 2 réservoirs superposés : la Réserve Facilement Utilisable (RFU) et la Réserve Difficilement Utilisable (RDU). Des travaux récents, menés par Arvalis - Institut du végétal, tendent à montrer que dans le cas de maïs assolés, on peut déterminer sa RU en prenant le rendement moyen en blé sur 10 ans, en excluant les extrêmes.
Irrigation et Réserve Utile
En dehors des sols type Sables des Landes, le sol fonctionne comme une éponge. Quand de l’eau arrive sur ce sol, le sol se rempli du haut vers le bas. Il faut que l’horizon superficiel soit « plein » avant de pouvoir remplir les horizons plus en profondeur. Par extension, une RDU qui a été vidée ne pourra se remplir qu’une fois la RFU pleine. Tant qu’il y a de l’eau dans la RFU, l’eau n’est pas un facteur limitant à la productivité du maïs. Evapotranspiration Réelle (ETR) = Evapotranspiration Maximum (ETM). Quand la RFU est vide, le maïs peut encore puiser dans la RDU, mais dans ce cas, le maïs est en « souffrance » et l’eau devient un facteur limitant la productivité. ETR < ETM. Lorsque les 2 réservoirs RFU et RDU sont vides, le maïs fini par mourir.