Sclérotinia du colza : quels leviers pour limiter les dégâts ?

Le sclérotinia est une maladie fongique qui touche le colza mais aussi d'autres espèces (tournesol, tomate, pomme de terre,...). Elle est induite par un champignon, le sclerotinia sclerotiorum.

Cette affection a deux caractéristiques majeures :

• Elle a une très longue durée de vie dans le sol (5 à 10 ans) sous forme de sclérotes.
• Elle est très dépendante de l’humidité.

Le cycle du sclérotinia se déroule en 4 étapes majeures : 

1 - Germination des sclérotes

• Au printemps, une courte période douce et humide suffit à déclencher le cycle.
• Le sclérote germe pour donner du mycélium (l'attaque des racines est alors visible au niveau du collet).
• Des apothécies se forment si la température est supérieure à 5°C et l'humidité élevée pendant 10 jours environ.
• Sous l’action de brusques variations d’hygrométrie, les apothécies libèrent plusieurs milliers d’ascospores.

2 - Colonisation des pétales

• Les ascospores se disséminent via l’air et celles déposées sur les pétales sont capables de germer. La contamination des pétales entraîne la production du mycélium (idéal 18-20°C).
• Le filament mycélien colonise le pétale en trois jours.

3 - Colonisation de la plante (contamination primaire)

• La colonisation de la plante ne survient que si les pétales sont touchés , en contact suffisamment longtemps avec tissus feuilles-tiges et si l'humidité relative est favorable à la germination des ascospores sur les pétales (humidité relative saturée > 92 %).
• Le champignon est ensuite en mesure de pénétrer dans les tissus foliaires.
• Si les conditions climatiques sont favorables, le mycélium poursuit sa progression le long de la feuille pour atteindre la tige où il forme un manchon blanc caractéristique (pourriture » blanche »). Cela entraîne une rupture d’alimentation. 

4 - Échaudage

Contaminations secondaires : moins fréquentes >> infection des plantes par les racines

• Développement d'un amas mycélien blanc au niveau du collet. 
• Le plus souvent un échaudage suivi de verse. 

Contaminations primaires : au cours de la première moitié de la floraison à la chute des pétales >> pertes de rendement les plus importantes. 

En moyenne, pertes de 1 q/ha par tranche de 10 % de plantes touchées. 

Au-delà de 20 % de plantes contaminées, les pertes sont de 3 q/ha par tranche de 10 %.

Ci-dessous, présence du sclerotinia sclerotiorum sur une tige de colza.

L'absence de traitement curatif rend la gestion de la maladie complexe. Des leviers existent néanmoins pour favoriser la protection du colza :

• Allonger les rotations : les sclérotes de sclerotinia sclerotiorum disparaissent progressivement du sol en l'absence de colza ou d'une autre culture hôte. 
• Limiter le risque de mauvaise aération du couvert.
• Appliquer un produit fongicide ou une combinaison d'un produit fongicide et d'un biocontrôle à la floraison, en stade G1 (seulement en préventif).
• Biocontrôle CONTANS sur les sclérotes en terre au semis plusieurs fois dans la rotation.
• Depuis 2020, il existe des variétés avec tolérance pour renforcer la protection de la plante

La sélection de variétés à bon comportement et avec une tolérance complexe multigénique permet de diminuer en moyenne l’incidence du sclérotinia de 60 % par rapport aux témoins sensibles.  

Le protocole d’évaluation LG se fait en 2 étapes :

• Incidence = pourcentage de plantes touchées par parcelle
• Sévérité = note de 1 à 9 sur des superficies de tâches sur tige