Qu’est-ce que le dactyle et pourquoi l’apprivoiser dans ses prairies ?
Le dactyle est très intéressant car c’est la graminée la plus riche en protéines (+ 20 % en moyenne qu’un ray-grass anglais à un stade équivalent) et qu’elle est l’une des plus pérennes, à condition d’être bien exploitée (parfois plus de 10 ans).
Les autres principaux atouts du dactyle ? Sa productivité tout au long de l’année et sa bonne tolérance à la sécheresse ! C’est en effet une des graminées - avec la fétuque élevée - qui démarre le plus tôt en végétation et qui pousse le plus longtemps en été, et ce jusqu’à environ 34 °C quand l'eau n'est pas limitante. Elle redémarre également plus vite après l’été : les feuilles repoussent en 3 à 5 jours après une pluie et il est possible de faire pâturer son troupeau en seulement 15-20 jours. Sa très bonne régulation stomatique lui permet de limiter l’évapotranspiration lorsque les températures augmentent, c’est sa stratégie pour mieux résister en été.
Avec son bon rendement d’été-automne, le dactyle offre un très bon potentiel de rendement annuel. De quoi donner envie de l’apprivoiser !
Réussir au mieux l’implantation de cette graminée
1. Quel type de parcelle choisir et comment bien préparer son sol ?
Choisissez des parcelles saines l’hiver car le dactyle est sensible à l’hydromorphie, et c’est bien là sa seule contrainte agronomique ! Au niveau du sol, préparez une structure fine et bien rappuyée avec un roulage, si possible avant et après le semis (semences de petites tailles).
2. Quand et comment semer le dactyle ?
Semez-le au printemps dès que le sol est réchauffé ou idéalement en fin d’été (avant le 15 septembre) et ajustez la dose de semis entre 20 et 25 kg maximum/ha lorsqu’il est en pure, avec 3 kg de trèfle blanc agressif. En mélange, il faut d’abord observer s’il est présent naturellement aux abords des parcelles et si tel est le cas, vous devrez limiter sa dose de semis à 4 à 5 kg avec d’autres graminées sur un total de 25 à 30 kg. Au-delà, il deviendra largement dominant sur les autres espèces.
Il est préférable de semer en surface, avec un semoir à céréales dont les éléments semeurs sont relevés. Ne semez surtout pas en lignes droites, mais plutôt à la volée et avec un minimum de 4 kg/ha en mélange pour que le dactyle puisse s’autoconcurrencer. C’est en effet une espèce cespiteuse (plante qui pousse en touffe), et le semis avec 4 kg minimum et en l’absence d’un semis en lignes permettent de limiter cet effet « touffes », souvent reproché à l’espèce. La herse (ou peigne) à l’arrière du semoir va enfouir légèrement les semences à 1 cm maximum, il est donc important de bien rouler sur la terre juste après le semis pour lui assurer un bon contact avec les semences. Il vous faudra par la suite surveiller les éventuelles attaques de limaces, car le dactyle est assez lent d’implantation.
3. Et la fertilisation ?
Un apport de fumier est recommandé avant implantation. Le dactyle valorise bien la fertilisation azotée : apportez 40 unités d’azote à 200 °C/jour (vers début février) pour favoriser le démarrage de la prairie. Si votre parcelle est fauchée, il est conseillé de réaliser un autre apport d’azote pour compenser les exportations. D’une manière générale, il faut associer le dactyle avec une légumineuse qui lui permettra de fournir une partie des besoins en azote grâce à la fixation symbiotique. Le trèfle blanc géant se prête particulièrement bien à l’association avec le dactyle. Enfin, une analyse de votre sol permettra d’ajuster la fertilisation PK (phosphore et potassium).
Les règles d’or de la conduite du dactyle !
1. Gérer la première exploitation de printemps
La première exploitation est généralement réalisée en ensilage et comme le premier cycle du dactyle est souvent rapide, il est préférable d’opter pour des variétés à grande souplesse d’exploitation. Le dactyle étant pauvre en sucres, il convient de le récolter au stade début épiaison maximum pour garantir une bonne conservation (d'où l’intérêt de sélectionner une variété tardive ou très tardive).
2. Et sur les autres exploitations ?
Le dactyle étant non remontant, les repousses seront uniquement feuillues tout au long de l’année. Au pâturage, il est appétent mais à condition de revenir au maximum toutes les 3 semaines avec des vaches laitières et 4 semaines avec des vaches allaitantes car au-delà, les feuilles durcissent et deviennent inappétentes. C’est souvent le non-respect de cette recommandation qui coûte la réputation au dactyle d’être inappétent. Mais un dactyle doit être exploité de manière dynamique. En fin d’année, une exploitation de nettoyage avant l’hiver favorisera le redémarrage de printemps (pâturage ou fauche).
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